Le Carême, c’est le moment ou jamais de tout décaper. On balance tout, on veut tout changer à tout prix, tout de suite, avec violence, on se fait un programme qui ressemble à un parcours du combattant en se disant que l’on doit faire comme Jésus dans le Temple. Si le Christ lui-même se permet de le faire, pourquoi pas nous ? En fait, bien malgré nous, nous risquons de nous faire du mal, de continuer nos petits commerces avec le Bon Dieu, et finalement de ne pas faire sa volonté, mais la nôtre. Et cette violence du Christ est assez inattendue pour que je l’imite avec prudence.
Et si je laissais plutôt Dieu agir ? Cette violence, que nous exerçons contre nous-mêmes, n’est pas la violence du Christ dans le Temple. Nous pensons bien souvent que nous pouvons nous-mêmes décider de ce qui est le mieux pour nous alors qu’il serait bien préférable de lui laisser la main, de le laisser faire. En voulant tout faire nous-mêmes, en voulant renverser en nous tout ce qui pourrait déplaire à Dieu, nous risquons bien souvent de renverser ce qui justement a du prix à ses yeux. Cette « monnaie des changeurs » qui me semble abominable, dois-je vraiment m’en débarrasser ?
Et si finalement le Seigneur voulait s’en servir pour aider mon prochain et lui redonner une valeur qui m’échappe ? Lui seul peut entrevoir, au plus intime de nous-mêmes, ce qui est bon et juste.
Dans ce Carême, notre travail, n’est pas de faire table rase, mais bien plutôt de laisser entrer le Christ pour qu’il vienne à nous. Jésus nous prend à part pour nous éduquer, pour venir habiter en nous. C’est sans aucun doute avec beaucoup de douceur qu’il mettra tout en ordre, comme il le veut, comme il le souhaite. Alors, la seule chose que nous ayons à faire c’est, dans la prière, de lui demander de venir faire son œuvre en nous. Notre maison intérieure, avec toutes nos préoccupations, nos désirs, nos envies de bien faire, nos découragements, peut retrouver une nouvelle fraîcheur en devenant une maison de prière ; c’est-à-dire une maison où nous faisons silence pour accueillir l’hôte invisible de nos cœurs qui saura nous donner la paix car « il connaît ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. » Laissons-nous faire et rappelons-nous cette belle formule de saint François de Sales : « Tout par amour, rien par force ! »
Fr. Olivier Catel, dominicain et aumônier scout
Extrait de la méditation de Jean, 2, 15
caremedanslaville.org
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