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Quelle odeur peut bien avoir la
prière des saints ? Elle est bonne, j’imagine, si l’ange du livre de
l’Apocalypse (8, 1-6) la fait monter vers Dieu avec d’autres parfums.
Rien d’étonnant à cela, d’ailleurs : ce sont des saints. Mais ma prière à
moi, que sent-elle ?
Il
faudrait déjà qu’elle ait une odeur.(...) Car si elle avait une odeur,
je ne suis pas sûr que ma prière sentirait très bon. La sueur de ma
fatigue, l’odeur rance de mes jalousies recuites, le parfum de mes
angoisses et de mes désirs pas toujours présentables, je me dis que ce
n’est pas une odeur digne du bon Dieu. L’ennui, c’est que c’est mon
odeur à moi. Si je ne vais pas à la prière avec mon odeur, si je ne
prie pas comme je suis, bref si je ne suis pas vraiment là quand je
prie, comment espérer rencontrer Dieu ? La prière devient un
exercice éthéré où je cherche à dire à Dieu ce qu’à mon avis, il a envie
d’entendre. Pas étonnant, dans ce cas, qu’il ne s’y passe rien ; il est
probable que Dieu s’y ennuie autant que moi ! Quand finirai-je par
comprendre que le parfum que Dieu préfère, c’est l’odeur de ses enfants ?
Frère Adrien Candiard
couvent du Caire
Signe dans la Bible
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Se préparer à rencontrer Celui qui nous aime inconditionnellement.
Un jeune couple est penché vers un nouveau-né dans un berceau : c'est leur premier enfant. Silence : ensemble ils contemplent la merveille venant de leur amour, et puis le père murmure : « Une telle beauté, cela ne peut pas venir simplement de nous ». Nouveau silence : ensemble ils se recueillent, saisis par l'émotion. Plus besoin de paroles. Chacun relit en son cœur l'aventure de cette vie nouvelle et pressent que sa joie, celle d'être père, celle d'être mère, est divine. (...)
Dans l'expérience spirituelle, se recueillir signifiera se retrouver soi-même pour s'accueillir soi-même, ramasser les pièces de soi pour les ramener à l'unité. Peut-être aussi se préparer à rencontrer celui qui depuis le premier jour de notre existence, nous a saisis, recueillis dans son amour. (...)
Pour un croyant , le « recueillement » n'est pas d'abord un état, mais la conscience de "cheminer" dans la vie, avec Celui qui nous précède, nous appelle et, quand nous nous abandonnons à lui, nous accueille.
Marie-Amélie Le Bourgeois, religieuse de la Compagnie Sainte-Ursule
In "Saisis par Dieu",, éd. Bayard
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