31 octobre 2014

LA FOI: INTELLIGENCE ET AMOUR



Interprétation contemporaine de la "Trinité" d'Andreï Roublev


La foi, en général, est bienfaisante pour tous. Nous en avons besoin dans nos sociétés pour que la confiance et la loyauté règnent dans les échanges. Les racines latines du mot foi, fides, et du verbe croire, credere, expriment l’idée de confiance. On met sa confiance en quelqu’un, en quelque chose ; on se confie, on se fie à un autre que soi. Et cela commence très tôt. Le petit enfant s’éveille normalement à la vie d’après la confiance qu’il développe envers sa mère, son père, les personnes qui l’entourent. Comment s’épanouir si on ne croit pas en soi et en les autres, si on ne fait pas confiance ? Comment grandir individuellement et collectivement si nous accordons seulement la primauté au pouvoir et au savoir, alors que le « croire » est aussi une dimension importante de notre être ?
La foi, disait la philosophe Simone Weil, « c’est l’intelligence éclairée par l’amour ». Elle mobilise tout ce que nous sommes et engage profondément notre existence. C’est un clair obscur qui précède le discours et qui approche le mystère avec sa propre logique. Elle nous fait entrer dans une autre dimension de sens, un axe vertical, comme si on voyait l’invisible, si une présence nous dépassait. Elle ouvre la porte sur l’infini d’un amour, jusqu’à croire qu’on est aimé éternellement. La foi, qu’elle soit en soi, en l’autre, en Dieu, est relation de confiance, liberté de l’esprit et ouverture de l’intelligence.
Tenter de définir cette réalité humaine qu’est la foi, c’est aussi définir la personne qui croit et le Dieu auquel elle s’adresse. (...) En disant « je » voilà que j'émerge comme sujet pensant. « Je » est déjà un article de foi; un animal ne peut pas dire « je », encore moins croire. La connaissance de soi commence vraiment quand on se reconnaît comme un « je » libre et désirant devant un « tu » qui m’aime et en lequel je m’abandonne en toute confiance.
« La foi n’est pas simplement un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ; c’est une adhésion à un « Tu » qui me donne espérance et confiance » (Benoît XVI). La foi est plus que des croyances, c'est fondamentalement une relation à Dieu.
(...)
La foi, comme la prière qui en découle, concerne d’abord la personne qui croit, qui prie. Elle est un reflet de sa vérité intérieure, de la liberté de son esprit, bref de sa vie spirituelle. La foi est un acte qui n’est pas de tout repos, qui n'élimine pas le doute et la nuit. Croire, c’est accepter que notre vie se joue devant le mystère de l’incompréhensibilité de Dieu.

Jacques Gauthier, théologien catholique canadien
in jacquesgauthier.com/blog

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