18 juillet 2014

SOMMES-NOUS "ORIENTÉS" OU "À L'OUEST" ?








La plupart de nos églises chrétiennes sont orientées. C’est-à-dire, tournées vers l’Orient, autrement dit, vers l’est. C’est ainsi que l’on parle d’orientation. Traditionnellement, ceux qui prient, dans la liturgie commune, se tournent vers l’Orient.
(...)
Peut-être qu’en ne comprenant plus beaucoup l’orientation de notre prière, oublions-nous aussi ceux que l’on appelle les chrétiens d’Orient. Ils le sont non seulement parce qu’ils vivent à l’est par rapport à nous, occidentaux. Mais ils le sont aussi parce que c’est au cœur de cette terre d’Orient que le Christ est né, que Dieu s’est fait homme, qu’il est mort et ressuscité pour nous. C’est ce que confessent les chrétiens : il est cette Lumière qui fait grandir notre jour, notre espérance, notre liberté et notre vie.
Si nous tournons vers l’est notre prière et notre solidarité, nous voyons actuellement que l’Orient est une nuit d’angoisse. Violences, terribles conditions de survie et encore exil pour les habitants d’Irak, et en particulier les chrétiens dont le nombre a tellement diminué depuis plusieurs années ; mais aussi ceux de Syrie ; ceux de Terre Sainte, les tensions sont encore fortes en Israël et en Palestine. Notre regard d’occidental n’a-t-il pas déjà enlevé de sa pensée, de sa prière et de son engagement que c’est de l’Orient que vient le Jour ?
Comme vous, j’ai entendu des informations très préoccupantes sur l’Orient. Comme moi, vous vous êtes peut-être demandé que faire, comment garder tendue la main solidaire au travers de notre monde, d’Ouest en Est. Je n’ai pas de réponse. Mais j’ai commencé par « tenir en éveil la mémoire du Seigneur », pour reprendre des mots du prophète Isaïe : tenir en éveil la mémoire du Seigneur qui montre sa lumière à l’Est. Il nous demande de ne pas nous habituer à ce qu’elle s’éteigne, ni en Orient, ni en Occident, lorsque nos histoires personnelles, notre foi fatiguée et l’histoire de nos pays nous ont fait tourner un peu (ou beaucoup) le dos à notre Dieu.
Alors j’essaie de me tenir dans la vigilance de ce qui inquiète les frères et amis que je connais, irakiens, coptes, libanais, syrien… Et j’admire des organisations et initiatives qui nous portent à « l’Orientation » : tournés vers l’Orient, pour garder le contact, pour le faire connaître, pour s’informer et se former sur les Eglises des chrétiens orientaux, sur le dialogue avec les musulmans. (...)Toutes ces démarches traduisent le désir de ne pas se refermer sur nos seules questions en Occident. Toutes ces initiatives nous entraînent à un engagement intérieur vers l’Orient, et vers nos frères orientaux. Des engagements extérieurs aussi pourront naître, si nous restons sensibles aux appels que nous pourrons entendre.
Pour finir, je me rends compte que si l’orientation c’est se tourner vers l’Est, par la prière et par la solidarité, il y a une expression qui a pris place dans notre langage familier : « être à l’ouest ». Cela désigne le fait d’avoir tout faux, ou d’être « à côté de la plaque ». Méfions-nous !

Fr. Philippe Jaillot, dominicain, producteur
Blog du Jour du Seigneur

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