13 juin 2014

CETTE MAISON QUE NOUS BÂTISSONS ENSEMBLE






" Mais il a fallu quarante-six ans pour construire ce temple ! ", protestent les juifs quand Jésus assure que, s’ils le détruisent, il peut le rebâtir en trois jours (Jn 2,20). Pas de doute, Dieu est un maçon hors pair !
Il serait tentant de le laisser travailler seul à bâtir ma vie, cette construction si difficile à laquelle je m’épuise. N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que nous dit le psaume : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain… »(Ps 126) ? N’est-ce pas un appel à une sainte paresse, qui laisserait le travail à Dieu, tellement plus efficace ?
Le psaume est plutôt une mise en garde. Tant de gens veulent construire leur maison sans Dieu. Tant de chrétiens, même, veulent ne l’inviter qu’à la fin du chantier, quand tout sera prêt et propre, bien décoré et digne de lui ; quand ils n’auront plus de péché, plus de désirs déplacés, plus de doutes. L’ennui, c’est que leur maison ne s’achève jamais, et que Dieu est alors condamné à rester à la porte.
La vie chrétienne, c’est encore autre chose : travailler avec Dieu. Il ne fera pas mon salut sans moi, comme je ne réussirai pas ma vie sans lui. Il m’a créé tout seul, mais c’est maintenant à deux que nous devons finir le boulot. Il faut apprendre à travailler ensemble, prendre chacun le rythme de l’autre. Cela veut dire aussi bavarder, à l’heure de la pause, autour d’une bière qui a le goût de la simple camaraderie.
Seigneur, je ne sais pas quand elle sera achevée, cette maison que nous bâtissons ensemble en moi, ni quand elle sera vraiment un temple digne de t’accueillir. Mais je n’ai jamais eu tant de plaisir à travailler.

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« La maison ne s'est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. » Matthieu, 7. 24-27
La maison solide de l’évangile n’est pas celle qui a les murs les plus protecteurs ou les plus isolants. L’idéal n’est pas de se couper d’un monde extérieur hostile, par une forteresse aux murailles imprenables. L’évangile ne nous dit d’ailleurs rien des murs, parce que ce n’est pas d’eux que vient la solidité de la maison.
Au contraire, la seule chose qui compte, c’est le fondement : la maison est-elle construite sur le sable de nos impulsions, de nos envies, de nos distractions, de nos ambitions, ou sur le Christ, seul roc inaltérable ? Fondée sur le Christ, elle peut bien être ouverte à tous les vents, aux appels de l’Esprit comme au dérangement de mes frères ; les murs peuvent bien être percés de trous ; l’isolation thermique ou phonique peut bien laisser à désirer; mais je ne crains rien, car cette maison a la solidité des promesses éternelles.

Frère Adrien Candiard
couvent du Caire
Signes dans la Bible

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Dans son homélie du 5 juin, à Sainte-Marthe, le pape a insisté sur cette docilité intérieur au souffle de l'Esprit qui doit caractériser les baptisés, appelés « à être dociles à l’Esprit-Saint » car la docilité est « la vertu qui sauve de la rigidité, d'être "alternativistes", d’être "avantagistes", ou affairistes dans l’Église. C’est cette docilité qui transforme l’Église, qui, d’une maison en location, en fait notre maison. »

zenit.org




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