27 mai 2014

DE L'AUTRE CÔTÉ DU VOILE






La résurrection de Jésus est bondissement dans la vie de Dieu, passage à l'invisible. C'est pourquoi les récits d'apparition n'ont qu'un but: montrer qu'il est vivant, mais de telle sorte qu'on ne le reconnaît pas au premier abord. Il est «ailleurs». Vraiment ailleurs? Matthieu lui fait dire : «Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles.» Mais ce Dieu-avec-nous n'est plus perceptible avec les yeux, seulement par la foi. C'est cela que signifie l'Ascension, qu'il faut bien se garder de concevoir comme un déplacement spatial: Jésus ne s'évade pas dans les galaxies. Il est plutôt passé de l'autre côté du voile, ce voile que seul peut percer le regard de la foi. Épreuve pour la foi que ce nouveau corps que l'Esprit va lui donner et que nous appelons Église. D'une certaine façon, l'Église est ce voile qui cache et révèle à la fois. Le mouvement vertical du Christ se double d'un déplacement «horizontal», celui des disciples à la surface du globe. Ascension et envoi sont toujours liés, c'est frappant dans nos textes: «Vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre.»(...)
Jean 14,23, nous lisons que le Père et le Fils viendront faire leur demeure en ceux qui garderont la parole du Christ. Déplacement de l'homme vers Dieu, déplacement de Dieu vers l'homme. De même, au chapitre 2 de la première lettre de Pierre, nous sommes assimilés aux pierres vivantes qui forment le Temple où Dieu habite. Notre corps, dit Paul, est temple de l'Esprit (1 Corinthiens 6,19). Il y a donc dans l'Écriture toute une ligne qui voit dans notre humanité la vraie demeure de Dieu. Il est certes inaccessible, et c'est un des sens du «Notre Père, qui es aux cieux», mais il est là, dans sa création. En nous. En fin de compte, les cieux où monte le Christ, c'est nous, nous en communion. (...)

Père Marcel Domergue, jésuite 
croire.com


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