| "Nativité", by Arcabas, peintre d'art sacré, Jura |
(...) Au plus profond, la naissance de Jésus est un mystère. Jésus est fils de Dieu, conçu du
Saint-Esprit, né de la Vierge Marie. Voilà ce
que disent les textes. Ils disent aussi que Jésus
est de la race de David, ce qui est très important,
car Jésus est l'héritier de toute l'espérance messianique qui traverse la Bible.
Les textes sont aussi très précis sur les conditions de la naissance de Jésus, l'évangile de Luc parle de Nazareth et de Bethléem, mais l'âne et le bœuf ne figurent pas dans
les évangiles, ils sont issus de l'intuition de saint
François d'Assise, pour dire jusqu'où Jésus
est allé dans l'humilité. Jésus naît à Bethléem, dit Luc, au cours
d'un recensement, dans une salle à l'écart, parce que dans la salle commune il y avait trop
de monde. Matthieu dit très peu de choses : que l'ange est apparu à Joseph pour lui demander d'accueillir Marie, qui porte en elle un enfant
qui vient de l'Esprit saint. (...)
Le pape Benoît XVI
a publié un livre dans lequel il demandait que l'on reçoive ce qui est dit dans les Évangiles comme une réalité profonde, qui est dans la foi factuellement vrai. Les historiens ont un
regard beaucoup plus critique. Bien sûr, Jésus est probablement né en – 6 de notre ère. Mais il est né au milieu des bergers, qui sont les pauvres des pauvres, qui vont courir
adorer l'enfant et en être les messagers. Le message de Jésus passe par la voix des pauvres. (...) Rien ne prouve que la sainte
famille, historiquement, soit partie en Égypte, mais les évangiles, en le disant, nous invitent à
comprendre que Jésus est le nouveau Moïse.
(...) Est-ce qu'ils [Les mages] sont vraiment
venus? Je pense que la force de ces textes, c'est qu'ils sont une affirmation
théologique, qu'on retrouve dans nos crèches où nous avons rajouté des chameaux. Dans le psaume 72, on dit que pour
venir vers le roi choisi par Dieu, on montera des chameaux chargés de présents. C'est ce que font les mages. On peut croire
aussi que c'est rigoureusement vrai. On ne peut pas l'affirmer historiquement,
mais c'est une façon de lire l'Évangile
qui enracine dans la foi et dit qui est Jésus. (...) Les évangiles n'ont pas voulu nous donner de l'histoire, mais de l'historique.
Les Évangiles nous parlent le langage des Écritures, pour nous emmener beaucoup plus loin que l'histoire des événements.
Et la fameuse étoile.
Au temps de Jésus, on parlait d'un astre qui se lève pour une naissance extraordinaire, celle d'un empereur par exemple.
Matthieu ne parle pas d'un empereur, mais du Fils de Dieu. Il parle là le langage des Écritures. Des chercheurs se sont demandé s'il s'était passé quelque chose à ce moment-là, et on a trouvé une
conjonction d'astres particulière. Mais ce que disent les Évangiles
est beaucoup plus profondément vrai que la réalité factuelle d'un événement, c'est que rencontrer Jésus Christ sauveur est essentiel pour nous tous. Cela bouleverse ma vie et
celle de chacun d'entre nous. C'est une source d'espérance.
Je lis ces textes avec une lecture naïve. Je lis ces textes comme un enfant, avec toute mon expérience d'exégète qui me dit qu'il y a une autre manière de les comprendre. Je pense que l'attitude croyante consiste à superposer les deux, pour laisser les Écritures
dont ces textes sont gorgés remonter à travers eux et nourrir
notre foi.
Donc, on peut sans problème se laisser bercer par la crèche, l'âne et le bœuf, les rois mages…
L'enfant qui écoute
ces textes les comprend magnifiquement, et cela le conduit au cœur de la rencontre du Christ. Quand on les lit comme un adulte, on est amené à faire fonctionner son intelligence, avec son cœur. Mais pour la nuit de Noël, je laisse longuement travailler le cœur, en laissant l'intelligence m'avertir doucement.
Père
Jacques Nieuviarts, bibliste, assomptionniste
in
"Mille questions à la foi" sur Radio Notre-Dame
Propos recueillis par Sophie de Villeneuve, rédactrice en chef de croire.com
Texte
intégral:http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Noel/Noel-un-conte-merveilleux
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