2 novembre 2013

"LA MORT C'EST TRISTE, MAIS C'EST PAS GRAVE!"




Photo Jean-Luc Chapin, Panorama

(...)
Une femme âgée s'exprimait ainsi: "Autrefois on mourait plus souvent!"  La boutade pourrait prêter à sourire. Bien sûr on meurt tout autant aujourd'hui et jamais plus d'une fois par personne! Cette remarque met en lumière le fait qu'autrefois la mort faisait partie du quotidien des familles, de la vie. On la redoutait mais elle n'en était pas moins familière. On savait accueillir les derniers instants d'un mourant. Les défunts étaient veillés dans la chaleur du foyer familial, en dernier hommage à ce corps aimé. Les enfants même étaient invités à s'approcher. Rien n'était plus naturel.
Et je ne peux m'empêcher de livrer la réflexion de Gaspard, petit garçon de quatre ans cher à mon coeur: "C'est pas grave, la mort! C'est triste, mais c'est pas grave!"

Anne-Dauphine Jullian, journaliste et écrivain
in Panorama, novembre 2013


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Seul Dieu peut créer la justice. Et la foi nous donne la certitude qu'Il le fait.
L'image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d'espérance; pour nous peut-être même l'image décisive de l'espérance. Mais n'est-ce pas aussi une image de crainte? Je dirais: c'est une image qui appelle à la responsabilité.
Une image, donc, de cette crainte dont saint Hilaire dit que chacune de nos craintes a sa place dans l'amour. Dieu est justice et crée la justice. C'est cela notre consolation et notre espérance. 
Mais dans sa justice il y a aussi en même temps la grâce. Nous le savons en tournant notre regard vers le Christ crucifié et ressuscité. Justice et grâce doivent toutes les deux être vues dans leur juste relation intérieure.
La grâce n'exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n'est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur.
Par exemple, dans son roman « Les frères Karamazov », Dostoïevski a protesté avec raison contre une telle typologie du ciel et de la grâce. À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s'était passé.


Benoît XVI, encyclique Spe Salvi 
mariedenazareth.com

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Je traversais à cheval la forêt de Tourgueniev,
au coucher du soleil : herbe fraîche, ciel étoilé,
senteurs de saulaies en fleur
et de feuilles de bouleau fanées,
trilles de rossignol, grésillement d'insectes,
voix de coucou et ma solitude,
le plaisir de sentir le mouvement du cheval sous mon corps,
un bien-être physique et psychique.
Et cette idée : incessamment, je pense à la mort.
[...]
Il m'est apparu clairement que j'éprouverais le même bien-être,
mais différemment, de l'autre côté de la mort...

Tolstoï

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