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"Le Poverello", by Kay Berger |
(...)
Dans cette pièce où le Poverello, en 1206, se délesta
de ses vêtements devant son père pour montrer qu’il renonçait aux biens terrestres, le
pape priera une fois encore le Seigneur de donner à tous les hommes le courage de « se dépouiller », notamment de « la mondanité spirituelle » qui n’est qu’ « idolâtrie » :
« Le danger de la mondanité est un très grand péril (…) Nous devons tous nous dépouiller de cet esprit du monde qui est contraire aux Béatitudes et à l'Esprit de Jésus. Cet esprit mondain nous rend malades (…) c’est un « tue-l’âme » pour les hommes et l‘Eglise(…) la lèpre, le cancer de la société, l’ennemi de Jésus ».
Et à ceux, comme certains médias, qui disent que le pape dépouillera l'Eglise, il répond
en improvisant :
« Mais de quoi le Pape
pourrait-il donc dépouiller l'Eglise? des vêtements du Pape, des Cardinaux et des Evêques ! Mais l'Eglise, c'est nous tous, les baptisés, qui devons suivre le chemin de Jésus, un chemin de dépouillement jusqu'à l'humiliation de la croix. Pour être vraiment des chrétiens, il n'existe pas d'autre
voie. Serait-il possible d'avoir un christianisme plus humain, se demandent
certains, c'est à dire sans croix, sans Jésus et sans dépouillement ? Ce serait alors
un christianisme de vitrine, doucereux, où les chrétiens seraient comme de jolis gâteaux en devanture. Un christianisme peut-être superbe mais pas chrétien.
Alors de quoi donc l'Eglise devrait-elle se dépouiller
? Je réponds qu'elle doit se dépouiller maintenant d'un gravissime péché, qui menace chacun de ses
membres. Ce danger c'est la mondanité, l'esprit du monde ».
Et le pape d’insister: « Lorsque les media parlent d'elle, ils croient que l'Eglise
ne sont que le clergé et les religieux, les évêques, les cardinaux et le
Pape. Or, comme je viens de le dire, l'Eglise c'est nous tous. Nous devons donc
tous nous dépouiller de l'esprit du monde »
"Le pape François
à
Assise", by Isabelle Cousturié,
journaliste
in www.zenit.org
*****
(...)Beaucoup ont vu dans
[cet] appel au dépouillement de l'Église un appel à la pauvreté matérielle qui
ne serait pas la règle générale dans l'Église. Pour ma part, j'y vois une autre
signification: l'Église, c'est d'abord et avant tout nous, les chrétiens, pauvres
et riches, malades et bien-portants, en emploi ou au chômage, jeunes et vieux.
(...)
Nos
richesses, aux uns et aux autres, prennent diverses formes. Nous
possédons des biens matériels mais aussi du savoir et du pouvoir.
Se
dépouiller, en termes de savoir, n'est-ce pas partager ce que nous savons avec
ceux qui n'ont pas eu la chance d'acquérir un patrimoine culturel suffisant?
Se dépouiller
d'une part de son pouvoir, n'est-ce pas accepter le débat contradictoire,
l'accueil d'opinions diverses et le jeu de la démocratie?
(...) Enfin,
concernant les richesses matérielles, il ne suffit pas de renoncer, c'est déjà
difficile, à une part de ce que l'on possède, il faut ausi s'interroger sur
l'origine de ces richesses. Cela ouvre la
voie à de profondes réflexions sur la démarche éthique et responsable dans les
affaires, dans la gestion de l'épargne, l'utilisation des biens publics.
François Soulage, président national du Secours Catholique
in "Messages" (extrait de l'éditorial), octobre 2013
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