FACE À LA FAIM DES HOMMES

           Chartres: le Pain vivant et les blés de la Beauce

La fête du Saint-Sacrement traîne pour les personnes plus âgées tout un folklore. La procession solennelle dans les rues avec des bannières hautes en couleurs était une véritable fête. Piété et recueillement étaient au programme. Nous fêtions Jésus dans l’Eucharistie. Pourtant Maurice Zundel écrivait dans les années 1960 que nous avons trop «processionné». Cette fête du Saint Sacrement passe aujourd’hui presque inaperçue. Faut-il pour autant faire des processions ?

Je ne crois pas, parce que l’Évangile de Luc, qui rapporte la «multiplication des pains», ouvre pour nous une perspective qui est toute autre. La phrase qui doit aujourd’hui nous interpeler avant tout est celle-ci : «Donnez-leur vous-mêmes à manger.» Cette parole a été prononcée par Jésus. Jésus lance un appel qui, à première vue, n’est pas réaliste parce qu’il y a cinq mille personnes à nourrir. Pourtant, il insiste. Face à ce problème, la solution pour Jésus semble simple : leur donner à manger.

Face à la faim des hommes et des femmes Jésus est lucide : nous avons les ressources nécessaires pour combler la faim. Il indique lui-même la voie. Se saisissant des cinq pains et des deux poissons il «leva les yeux au ciel, il les bénit les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à tout le monde.» Nos richesses naturelles comme le blé sont un don de Dieu. C’est l’action de grâce, la bénédiction pour ces dons, qui ouvre l’homme à ne pas garder pour soi toute cette nourriture. La bénédiction prononcée par Jésus sur les pains et les poissons permet à Dieu de manifester qu’il y a à manger pour tous. Le jour où nous ne bénissons plus Dieu pour la nourriture qui nous est donnée, nous la gardons pour nous pour faire du profit.

Pour Jésus, il y a deux manières de faire Eucharistie : faire mémoire de lui autour de la table en communauté comme il l’a fait avant de mourir. L’autre manière est tout aussi importante: distribuer nous-mêmes aux autres la nourriture dont ils ont besoin. L’un ne va pas sans l’autre !

Par Jérôme Matineau

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