Création d’un espace social et d’un espace sacré à travers par exemple les
rituels de consécration et de dédicace des églises. La consécration fait de l’église le contenant de l’Église et reflète une vraie ecclésiologie du lieu, lieu de culte, lieu de l’identité communautaire et lieu de la
liturgie. XIIIe siècle qui conduit à la naissance de l’ecclésiologie du culte. Le lieu de culte devient alors de plus
en plus constitutif de la pratique sacramentelle. On s’aperçoit alors que ce n’est plus la communauté qui vient définir le bâtiment, mais le bâtiment en lui-même qui fait et construit la
communauté. L’église devient une personne qu’il
faut baptiser par le rite de la consécration. Enfin, place et le rôle des laïcs dans la construction du
lieu en analysant, entre autres, le rituel de la pose de la première pierre.
Dans le christianisme primitif et chez Augustin, la vie et
l’identité de la communauté dépendent peu d’un lieu et d’un édifice. Les premiers chrétiens, préoccupés d’une eschatologie imminente,
ont négligé la question de la matérialisation du sacré en un endroit donné. L’important, on le sait, ce sont ces pierres vivantes qui
forment l’Église, les fidèles. Pourquoi et comment petit à petit cette vision ecclésiologique
s’est renversée en mettant au centre de tout l’édifice lui-même sans lequel il n’y a pas d’Église, pas de communauté, pas de sacrements ? Ce changement ne concerne pas
uniquement un changement dans les références architecturales et monumentales, mais il est aussi
terminologique. Alors que dans le christianisme oriental deux termes vont
continuer à coexister pour distinguer la
communauté (ecclesia) et le bâtiment (naos), dans le christianisme occidental, le terme
ecclesia, qui au départ ne définit que l’assemblée des fidèles, finit lentement par définir avant tout le monument, l’église-édifice. L’église, dont
souvent les laïcs sont des
fondateurs, rend visible dans l’espace la présence
divine Importance pour l’Église de
construire à la fois l’église
et la personne, établissant ainsi
un lien profond entre la construction ecclésiale
et l’éducation du fidèle.
Dominique Iogna-Prat," La Maison Dieu."
in Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, en ligne
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