Notre-Dame de la Belle Verrière, 13ème s.Chartres |
Au-delà du désir d’éclairer l’intérieur des églises, les vitraux répondent aussi à un impératif symbolique. Dès l’Antiquité, la lumière est associée au divin (Égypte et Grèce antiques). Les réflexions de Platon sur ce sujet sont reprises notamment
par Saint Augustin, qui adapte au christianisme ces pensées païennes. Dans un même esprit, l’abbé Suger insiste sur le rôle des vitres colorées. Pour tous ces théologiens, la lumière est une manifestation physique de Dieu sur terre, et
les couleurs renforcent son caractère sacré. De plus, lorsque le fidèle entre dans l’église, il a l’impression de se trouver dans la Jérusalem céleste, que la Bible dit bâtie avec des pierres précieuses, lesquelles sont imitées par le verre coloré. Les vitraux contribuent ainsi à rappeler au fidèle la présence de Dieu dans l’église et à élever son
âme vers le monde céleste et spirituel.
Notre-Dame de la
Belle Verrière se distingue des vitraux du XIIIe
siècle par la couleur des habits de la
Vierge, un bleu clair et limpide, le « bleu de Chartres », réalisé à base d’oxydes de cobalt. Aujourd’hui oublié, ce savoir-faire spécifique s’est diffusé avec les déplacements des artisans et a été mis en œuvre dans d’autres édifices ( Saint-Denis, Le Mans). Méprisé par les Romains, le bleu devient à partir du XIIe siècle l’une des couleurs nobles, notamment grâce à des innovations techniques (teinture) et à l’évolution de sa symbolique. Ainsi, le bleu du ciel divin,
le bleu des armoiries des rois de France ou le bleu du manteau de Marie
trouvent-ils leur place dans la société médiévale.
Les vitraux
forment des supports d’images
qui permettent aux fidèles,
souvent illettrés, de connaître les récits bibliques et l’histoire des saints qu’ils doivent prendre pour modèles. Dans le vitrail de Chartres, la Vierge est couronnée et se tient assise sur un trône, tenant son fils sur ses genoux. Ce
type de représentation, où la Vierge apparaît à la fois en tant que reine du ciel et mère de Dieu, est appelé « Vierge en majesté ». Il s’est d’abord développé en Orient dans l’art byzantin à la suite du concile d’Éphèse en 431, durant lequel la Vierge est reconnue comme mère de Dieu. Mais il faut attendre le XIIe siècle pour qu’il s’étende de manière significative en Occident, avec l’essor du culte voué à la
Vierge Marie. Les églises dédiées à Notre-Dame se multiplient alors, et les images de la
Vierge à l’Enfant prolifèrent.
Plus tard, dès le milieu du XIIIe siècle, cette représentation hiératique de la Vierge fera place à celle d’une mère, pleine de tendresse et protectrice, intermédiaire entre les croyants et Dieu.
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