Dans son roman Journal d'un curé de campagne, Bernanos montre l'importance qu'il y a de ne pas laisser dévorer son âme par l'injustice sociale aussi bien que l'inavouable injustice familiale..
Il raconte combien il a connu une ardente soif de justice, combien la pitié pour les victimes d'injustice a été en lui une passion violente. Prier, même si cela était difficile...
« Si tu ne sais pas ce que c'est que l'injustice, tu le sauras. L'injustice flaire de loin, elle guette patiemment jusqu'au jour... Il ne faut pas se laisser dévorer. Surtout ne pas croire qu'on la ferait reculer en la fixant dans les yeux, comme un dompteur ! On n'échapperait pas à sa fascination, à son vertige. Ne la regarder que juste ce qu'il faut, et ne jamais la regarder sans prier.
Dans la haine que les pécheurs se portent les uns aux autres, dans le mépris, ils s'unissent, ils s'embrassent, ils s'agrègent, ils se confondent, ils ne seront plus qu'un jour, aux yeux de l'Eternel, que ce lac de boue toujours gluant sur quoi passe et repasse vainement l'immense marée de l'amour divin "
Nous pouvons maintenant
mesurer la grandeur de Notre Dame des douleurs, la sainte Vierge a la juste
attitude du cœur, elle est atteinte d'une tristesse innocente:
«C'était une tristesse que je ne connaissais pas, à laquelle je ne pouvais avoir nulle part, si proche de mon cœur, de mon misérable cœur d'homme, et néanmoins inaccessible. Il n'est pas de tristesse humaine sans amertume, et celle-là n'était que suavité, sans révolte, et celle-là n'était qu'acceptation. Elle faisait penser à je ne sais quelle grande nuit douce, infinie. Notre tristesse, enfin, naît de l'expérience de nos misères, expériences toujours impure, et celle-là était innocente.»
Georges Bernanos, 1888-1948
in Journal d'un curé de campagne, éd. Le livre de
poche
cité par mariedenazareth, en ligne,
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