LE CHANT DES PSAUMES - 1ère partie

Psautier, origine Rennes, vers 1460

Dès les premiers mots du psautier est déjà clairement énoncée la première question de l'homme en ce monde: pourquoi la guerre du mauvais et du juste? Comment atteindre la paix et le bonheur?

Le méchant correspond au révolté et le juste à l'innocent. Ils sont l'un et l'autre devant le drame de l'existence auquel ils cherchent à donner une réponse. Ils sont pris dans le combat de la lumière et des ténèbres. L'homme est une créature libre qui peut répondre oui ou non à la proposition de vie du Créateur de toutes choses. Répondre oui revient à accepter d'entrer dans la même intelligence du créé que le Créateur, pour vivre la relation la plus juste possible entre soi-même, les objets et les personnes autour de soi, et Celui qui en est le principe. Répondre non, c'est choisir son propre chemin, sans référence à aucun autre.

La description détaillée de la guerre engagée par ce méchant est sans doute ce qui impressionne le plus dans le psautier. Nous percevons ce combat comme un écho de ce qui advient à l'intérieur de tout être humain et entre les personnes.

[...] Dans une telle situation de non-sens et d'adversité insoutenable, seul peut faire face l'innocent parfait, le Dieu nu en la personne du pauvre, du faible, de l'enfant. Toute l'aventure de la création s'oriente vers l'avènement de l'innocent brisant les chaînes de l'esclavage, de l'engrenage de la violence, pour accéder à la Vie.

Dom Jean-Pierre Longeat, Père abbé de l'abbaye de Ligugé
in 24 heures de la vie d'un moine, éd. Sagesses