5 mai 2012

ENGAGEMENT ET DISCERNEMENT SPIRITUEL



Un engagement politique sollicite une adhésion plus globale et plus astreignante que le simple service de causes ponctuelles. C'est pourquoi il exige réflexion préalable, voire véritable recueillement.  Il nous faut dépasser une démocratie d'émotions pour aller vers une démocratie de volonté, animée par le désir de faire progresser la société. Pour résister à l'attrait du pouvoir pour le pouvoir, il y a quelques règles d'or à observer: ne pas se mettre en congé de la raison, acquérir une bonne connaissance de la société et du monde pour en discerner les forces et les faiblesses. Une grande honnêteté intellectuelle, aussi,  dissuadera de prendre des libertés avec la vérité, et notamment de caricaturer l'opposant. Refuser les tentations du "court-termisme" et du populisme est un chemin de crête qui suppose un grand effort d'écoute et de négociation.
Et puis, il faut garder cette liberté intérieure qui évite la subordination totale à un parti, et qui peut aller jusqu'à renoncer au pouvoir quand il s'agit de préserver l'essentiel.
Oui, l'engagement politique exige un discernement spirituel qui doit s'exercer tout au long de l'activité politique.

Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne de 2004 à 2009, ancien ministre.
in De l'indignation à l'engagement. Foi et politique, éd. cerf
cité par Panorama avril 2012


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VÉRITÉ CONTRE SINCÉRITÉ...

[...] La mode actuelle de l'indignation ressortit sans doute à ce qu'on appelle le culte de l'émotion. Après les idéologies totalitaires du 20ème siècle, on s'est mis à se méfier des grandes théories, on a pris peur de "la" vérité (la confondant avec l'erreur du dogmatisme) et l'on s'est jeté sur son substitut sentimental: la sincérité... Comme cette sincérité sans vérité ne peut pas fournir d'autres preuves qu'affectives, nous voici submergés sous un déluge d'effusions de toutes sortes, du larmoiement mièvre aux cris d'orfraie. L'indignation fait sans doute partie du lot, avec ce double avantage: elle permet de ne pas réfléchir objectivement à la vraie justice: elle fait peser toutes les injustices sur les autres, de manière vindicative. Dès lors, elle est prête à fournir des injustices nouvelles. 
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Fabrice Hadjadj, philosophe, enseignant
in Panorama février 2012

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