Croire, c’est accepter d’être mis à l’épreuve de ce que nous croyons. Croire est une tâche paradoxale en ce monde. Parce que si croire c’est adhérer à la vérité, il n’y a plus de raison de croire, c’est-à-dire de miser, de parier, d’espérer. Épreuve à travers laquelle j’éprouve ce que c’est que croire humainement. Par la foi, je n’adhère pas à la vérité mais je l’espère, l’éprouve, dans le manque, et au travers de mes propres manquements.
Cette patience de la foi œuvre au salut du monde parce que j’endure, je ne me détourne pas, je me porte présent avec espérance auprès du monde. C’est très différent de croire posséder la vérité et d’espérer la vérité. Dans un cas, c’est un bien jaloux dont on se croit propriétaire, dans l’autre c’est un chemin, une pensée, un travail à accomplir en ce monde et pour ce monde, sachant que de ce chemin à parcourir, de cette tâche qu’est l’espérance dépend la vérité même que j’espère. Ça fait toute la différence.
Croire est une façon d’être au monde pour le monde. Croyant, je ne peux asséner la vérité ni la dresser comme un rempart à l’intérieur duquel me protéger. Il n’y a pas de croyant victorieux, mais je demande dans ma prière à être libéré de la vie comme tourment, et de la morsure du manque, afin de m’ouvrir davantage à la vie et aux autres. Cette demande n’est pas simplement égoïstement pour nous, mais pour que nous soyons pleinement dans l’espérance et l’attention que l’on doit au monde.
Frédéric Boyer, philosophe, chroniqueur pour
La Croix L'Hebdo
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