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| Notre-Dame… de l’humanité, Paris |
Le défaut de confiance est la méfiance ou la peur, et non pas le doute qui en résulte.
On croit naturellement ce qu’on nous dit, sans raison de croire (« principe de crédulité ») ; et on dit naturellement la vérité, alors qu’il faut toujours des raisons de mentir (« principe de véracité »). Cette foi spontanée de chacun dans la foi de l’autre est originaire ; elle constitue même le lien primordial de toute société. En cela, la foi vit de la foi des autres et le croyant n’est jamais seul face à son Dieu, fût-ce à cause de la foi des hommes de qui il la tient et de ceux qui l’ont également reçue en partage. La foi donne comme il lui a été donné. Le défaut de confiance est la méfiance ou la peur, et non pas le doute qui en résulte. Car dans cet ordre […], l’assurance ne vient pas de soi-même mais de la foi de celui à qui elle se confie. La méfiance nous prive de recevoir la foi ; la peur prive la foi qu’on a reçue de rendre ses effets. Ainsi le jour où Jésus dit à Pierre : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? », il ne lui reproche pas d’avoir douté, mais les causes qui l’ont fait douter. Il y va d’un manque de confiance, non pas d’abord de connaissance.
Camille Riquier (né en 1974), philosophe, doyen de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris.
Nous ne savons plus croire, Paris, PUF, « Quadrige », 2023, p. 29.
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