16 avril 2023

MISÉRICORDE AU COEUR DE LA DÉTRESSE

 

La grande pauvreté exclut de l’éducation

Il faut se laisser blesser le cœur par la misère de l’autre. 

Quelque chose de neuf peut donc advenir au milieu des ruines ? Comme un parfum de création nouvelle ?

« Les portes de la maison étaient verrouillées. » Tant de peurs, de désillusions, d’espoirs avortés verrouillent notre vie. Cette maison verrouillée ne serait-elle pas notre « maison commune » dont parle le pape François, notre terre menacée de toutes parts ? Qui ouvrira un passage dans l’enfermement où nous nous trouvons ?

« Jésus vient, et il était là au milieu d’eux. » Rien de spectaculaire. Jésus n’enfonce pas la porte, ni ne traverse les murs ! Là où tout n’était que désespérance, il est là, présent, se donnant à reconnaître par ses blessures. Comme en miroir, les disciples peuvent reconnaître, dans cet homme blessé, leurs propres blessures, leur radicale incapacité à suivre Jésus, à porter sa croix.

« La paix soit avec vous. » Aucun reproche de Jésus mais une immense compassion. Cette paix offerte par le Ressuscité est signe que la Promesse est accomplie, que le Royaume est là, Royaume de justice et de paix. Le crucifié-ressuscité vient nous réconcilier avec nous-mêmes. Il ouvre un avenir possible. Nous ne sommes pas condamnés par nos infidélités, nos lâchetés. Jésus nous rejoint là, au cœur de notre humanité blessée.

Mais il va plus loin encore : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Bouleversant acte de foi de Jésus qui nous redonne sa confiance. La mission du Fils devient la nôtre, lui qui est venu non pas juger le monde mais le sauver, afin que pas un de ces petits ne soit perdu. Comme le Fils, avec le Fils, nous voici appelés à devenir témoins de la miséricorde divine. Le pape François a cette très belle expression : « La Miséricorde est un voyage du cœur aux mains… Il faut se laisser blesser le cœur par la misère de l’autre. »

« Il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint. » Jésus nous recrée par le souffle de son Esprit, nous faisant participer à sa vie divine.

« Les disciples furent tout à la joie. » Une étudiante que j’avais invitée pour célébrer Pâques avec nous m’écrit : « Je ne vais pas très bien. Je ne voudrais pas ternir la joie de ce jour magnifique par ma présence. » Je lui ai répondu : « Viens ! La joie donnée par Jésus a traversé la souffrance et la mort. C’est toujours une joie pascale. La joie de celui qui se découvre intimement relié au Père au cœur même de sa détresse. »


Frère Nicolas Morin, franciscain

Méditation sur Jean 20, 30-31 

Journal La Croix, 14/04/2023

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