LE CHANT DES PSAUMES

Une expérience de Dieu 

Nous prêtons notre voix à la voix de Dieu en proclamant sa Parole durant les offices liturgiques, notamment à travers le chant des psaumes. Notre cœur et notre voix doivent être en harmonie avec la voix de Dieu que nous entendons dans les psaumes. Nous devons, en psalmodiant, ne faire qu’un avec la voix de Dieu. Cela signifie que nous ne devons pas tant réfléchir aux paroles de Dieu, car nous créerions alors une distance entre elles et nous, mais plutôt chercher à harmoniser notre cœur avec elles.

Et, ce faisant, nous pouvons les harmoniser entre elles. Les Pères de l’Église utilisaient volontiers le mot symphonein pour désigner l’harmonie du chant des psaumes, qui est pour eux une image d’unité. Lorsque les moines chantent ensemble sur une note commune, leurs voix pourtant multiples n’en forment plus qu’une seule. En nous mettant à l’écoute des autres voix, en nous laissant guider par le son commun, nous faisons l’expérience d’une unité intérieure, qui n’est pas une uniformité, mais une unification de personnes très différentes. Celles-ci peuvent résonner ensemble et, d’un seul coup, une harmonie se crée, une seule d’entre elles qui s’élève vers le Ciel. C’est toujours un moment de grâce, une expérience de Dieu qui nous est donnée.

La voix est profondément personnelle. C’est dans celle-ci que s’exprime le plus profond de ma personne. Je ne la laisse jaillir véritablement que si je me débarrasse de mon envie d’impressionner les autres. L’ego veut toujours se donner en représentation. Si nous nous abandonnons entièrement à la voix, alors quelque chose de plus grand résonne en elle.  (…)  Briser son ego pour que puisse surgir quelque chose qui la dépasse. « Ce n’est pas toi qui as chanté, mais quelque chose a chanté à travers toi. » Cette voix qui, ne voulant plus rien prouver ni impressionner, laisse entrapercevoir quelque chose de plus lumineux. La voix de Dieu ?

Frère Anselm Grün, bénédictin

Revue PRIER, avril 2023