5 novembre 2020

COUVRE-FEU ET CONFINEMENT

 


L'essentiel pour nous chrétiens n'est pas que tous nos projets se réalisent.

Nul ne sait quand prendra fin cette pandémie qui, de Marseille à Paris, tétanise notre pays. (...) Mais quoi ! Le chrétien est-il né au monde pour râler ou pour glorifier? Pour se joindre à la cohorte des boudeurs ou à celle des saints ? « Hélas ! Hélas! pour ceux qui meurent sans remplir leur mission !, qui étaient appelés à être saints et ont vécu dans le péché; qui étaient appelés à adorer le Christ et qui se sont plongés dans ce monde frivole et incroyant ». Excessif, le saint cardinal Henry Newman ? Mgr Olivier de Germay, le nouvel archevêque de Lyon, ne dit pas autre chose. N'a-t-il pas appelé au début du confinement les fidèles corses à «vivre ce temps d'épreuve dans la foi»? « L'essentiel pour nous chrétiens, disait-il, n'est pas que tous nos projets se réalisent, ou que tout se passe comme nous l'aurions souhaité, mais de faire la volonté de Dieu dans l'instant présent. »

Et nous, chrétiens, croyons-nous encore? Nos ancêtres, eux, savaient saisir toute contingence pour assurer le salut de leurs âmes. Le couvre-feu, ils en firent leur affaire et l'évangélisèrent sans vergogne. Au XIVe siècle, ils firent sonner l'Angélus vers la fin du jour, à l'heure même où la cloche du couvre-feu retentissait. À ce signal, les fidèles entraient dans un temps de retraite et de silence. Qu'allons-nous faire de notre couvre-feu? Le laisser nous consumer ou l'employer à raviver notre flamme intérieure, cette «faible étincelle, mystère de vie, qui suffit pour allumer un immense incendie», selon les mots de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ? C'est dans cette flamme, même à l'état de braise, que couve le feu de notre sainteté.


Antoine Pasquier, rédacteur en chef 

édito du no 2233

famillechrétienne.fr 

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