31 mars 2020

L’ESPÉRANCE NE TROMPE JAMAIS





Mieux vaut une espérance enfantine qui encourage qu’une crainte perspicace qui fait tomber les bras.

J’ai côtoyé des survivants des camps nazis qui avaient fondé des familles et construit un État incarnant l’espérance d’un avenir collectif renouvelé pour le peuple juif. J’ai vu des familles palestiniennes reconstruire pour la septième fois leur maison rasée par les bulldozers  israéliens […] Ces situations illustrent ensemble la nécessité d’espérer « contre toute espérance », de ne céder ni au désespoir, ni à la tentation du renoncement et de la mort, même lorsque les circonstances semblent rendre tout espoir vain, chimérique et trompeur.
L’espérance ne trompe jamais.  « Ce qui fait du bien à l’âme n’est jamais complètement faux » (Charles Wagner, pasteur protestant). Le rêve qui nourrit l’âme contient, par quelque côté, une réalité. Et la réalité qui oppresse l’âme et la tue ne peut être que trompeuse, mal sue, mal interprétée. Tout ce qui déprime est faux et mauvais. Mieux vaut une espérance enfantine qui encourage qu’une crainte perspicace qui fait tomber les bras. Il faut toujours espérer ».  Les situations extrêmes vécues par ceux qui choisissent malgré tout d’espérer nous exhortent à espérer à notre tour, dans nos vies traversées elles aussi  de drames occasionnels et guettées par  des désespoirs.  Elles nous exhortent à espérer  pour nos sociétés, à ne pas renoncer à l’idéal de la justice, à ne pas céder à la toute-puissance de l’argent,  même lorsque le monde entier semble entré dans l’ère de Mamon.
Le propre de l’espérance, c’est de voir la lumière poindre alors que tout est encore ténèbres et de ne jamais baisser les bras. Elle est le don des visionnaires, que nous sommes tous appelés à devenir.

Katell Berthelot, chargée de recherche au CNRS
In « Chronique : Chemin faisant » pour Panorama, juillet-août 2012

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