Mieux vaut une espérance enfantine qui encourage qu’une crainte perspicace qui fait tomber les bras.
J’ai côtoyé des survivants des camps nazis qui
avaient fondé des familles et construit un État incarnant l’espérance d’un
avenir collectif renouvelé pour le peuple juif. J’ai vu des familles
palestiniennes reconstruire pour la septième fois leur maison rasée par les
bulldozers israéliens […] Ces situations
illustrent ensemble la nécessité d’espérer « contre toute
espérance », de ne céder ni au désespoir, ni à la tentation du renoncement
et de la mort, même lorsque les circonstances semblent rendre tout espoir vain,
chimérique et trompeur.
L’espérance ne trompe jamais. « Ce qui fait du bien à l’âme n’est jamais
complètement faux » (Charles Wagner, pasteur protestant). Le rêve qui nourrit l’âme contient, par
quelque côté, une réalité. Et la réalité qui oppresse l’âme et la tue ne peut
être que trompeuse, mal sue, mal interprétée. Tout ce qui déprime est faux et
mauvais. Mieux vaut une espérance enfantine qui encourage qu’une crainte
perspicace qui fait tomber les bras. Il faut toujours espérer ». Les situations extrêmes vécues par ceux qui
choisissent malgré tout d’espérer nous exhortent à espérer à notre tour, dans
nos vies traversées elles aussi de
drames occasionnels et guettées par des
désespoirs. Elles nous exhortent à
espérer pour nos sociétés, à ne pas
renoncer à l’idéal de la justice, à ne pas céder à la toute-puissance de
l’argent, même lorsque le monde entier
semble entré dans l’ère de Mamon.
Le propre de l’espérance, c’est de voir la
lumière poindre alors que tout est encore ténèbres et de ne jamais baisser les
bras. Elle est le don des visionnaires, que nous sommes tous appelés à devenir.
Katell Berthelot,
chargée de recherche au CNRS
In « Chronique :
Chemin faisant » pour Panorama, juillet-août 2012
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