8 mai 2018

LARMES D'ESPÉRANCE



Image revue "Prier", mai 2017


J'avais prévu de commenter sans retenue dans cette chronique la joie, en ce temps de Pâques, de celui qui croit. Mais, cette année, je suis restée au pied de la Croix, au côté de Marie qui pleure à genoux. Elle pleure comme toute mère qui voit mourir son enfant. Elle pleure comme nous tous. On aurait pu l'imaginer apaisée avant même d'être affectée, puisqu'elle sait déjà, à l'heure où Jésus rend son dernier souffle, qu'il va ressusciter. Elle sait mais elle pleure, de tout son amour de mère. Elle pleure en même temps qu'en son coeur elle chante le "Magnificat".
Merci, Marie, pour ces larmes qui nous sauvent et nous libèrent de tout sentiment de culpabilité quand la peine nous submerge. Merci, Marie, de nous permettre d'accueillir et de vivre notre chagrin dans toute la fragilité de notre humanité. Merci, Marie, de nous montrer que croire sincèrement en la Résurrection n'empêche pas de pleurer profondément la perte d'un être cher. Combien de fois entend-on qu'il est plus facile de voir mourir ceux que l'on aime quand on roit en Dieu. Ce n'est en rien plus facile ou moins douloureux. La peine transperce le coeur de la même façon. Mais je crois que la foi en la vie éternelle préserve du désespoir. La perspective de la Résurrection, même lointaine à vue humaine, est une lumière qui empêche les ténèbres épaisses comme la poix d'étouffer nos vies. Notre foi nous garde dans l'espérance.
Et c'est cette espérance qui permet à Marie de pleurer de tout son coeur au pied de la Croix. Ses larmes ne sont chargées que de la peine sans être alourdies de désespoir. Elle pleure tout simplement et nous invite à faire de même quand quelqu'un manque à nos vie. Elle nous invite à pleurer toutes nos larmes humaine. En gardant au coeur un chant d'espérance, un chant qui tire sa force de la certitude de la Résurrection.

Anne-Dauphine Julliand, journaliste, écrivain
Extrait de "Larmes d'espérance"
panorama, avril 2018

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