25 octobre 2017

FAUT-IL RÉHABILITER LUTHER ?






Aujourd’hui, il est possible d’avoir un regard catholique positif sur Luther, ce qui n’exclut pas la critique. Luther n’a pas inventé l’idée de réforme. Au Moyen Âge, la vie de l’Église est traversée par des mouvements de réforme. [ cf. les saints: François d’Assise, Nicolas de Flüe, puis François de Sales, Charles Borromée y oeuvraient avec conviction. ] (...) Ordonné prêtre probablement en 1507, Luther est un religieux consciencieux jusqu’au scrupule. Il veut vivre de la grâce de Dieu, mais le sentiment de son indignité, de son incapacité à mériter cette grâce le tourmente. Il étudie l’épître de saint Paul aux Romains, qui le libère de son angoisse du salut : il y découvre que la justice de Dieu, cette « justification par la foi », indépendante de tout mérite personnel chez le croyant, est le fondement de l’expérience spirituelle et de l’enseignement ultérieur de Martin Luther.
Luther n’est pas seulement un théologien de métier ni un chercheur de Dieu solitaire : il est aussi un prêtre qui, comme tel, accueille les pénitents au confessionnal et souffre de voir les fidèles ignorer ce qu’il considère comme la vérité du salut et de la vie nouvelle offerte par Jésus Christ..
L’année 1520 est à la fois une année de grande fécondité théologique et littéraire pour Luther, et une année de rupture sans retour. 
(...) Le dialogue œcuménique encourage les catholiques à chercher et à valoriser les éléments positifs présents dans les traditions chrétiennes autres que la leur. Certes, il ne fait pas de doute que pour bien des catholiques, le nom de Luther demeure associé à la rupture probablement la plus grave de l’unité chrétienne. Néanmoins, cet héritage douloureux ne doit pas empêcher l’effort de compréhension et de bienveillance, au nom même de l’Évangile du Christ et de l’exigence de réconciliation. Au cœur de l’expérience et de l’enseignement de Luther se trouve la doctrine de la justification par la foi: être chrétien, c’est se savoir aimé sans condition par Dieu, venu à la rencontre de l’homme en Jésus-Christ ; rien, ni nos péchés ni la mort, ne pourra nous séparer de cet amour gratuit et immérité ; et sans cet amour, nous ne pouvons rien faire. Même si cette vérité n’est pas la propriété exclusive du luthéranisme, il faut reconnaître qu’il revient à Luther d’avoir rappelé cela avec une énergie incomparable – au prix, certes, de nombreux excès verbaux et doctrinaux qui ont engendré une séparation profondément nuisible à la crédibilité de l’Évangile jusqu’à nos jours. L’histoire peut nous aider à comprendre de manière apaisée les motifs de cette rupture bientôt cinq fois centenaire ; elle doit aussi nous aider à réfléchir sur la pertinence de cette séparation aujourd’hui et sur les moyens d’y remédier, alors même que le dialogue œcuménique, s’il a permis aux catholiques et aux luthériens de se rapprocher significativement sur certaines questions, ne les a pas empêchés de diverger de manière très sensible sur d’autres problèmes.

Faut-il réhabiliter Luther ?
Abbé David Gilbert | 09 février 2016
aleteia.org

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