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NOS CROIX DE CHEMIN
Les humbles croix de chemin, plus ou moins restaurées, nous le rappellent : « Par ses blessures nous sommes guéris ». Depuis que Jésus l’a portée, c’est la croix maintenant qui nous porte : « Qui regarde vers lui resplendira ». Élevé de terre, il attire nos regards pour nous montrer le Ciel. Au corps à corps avec la mort, nous sommes là près de son visage, enfants prodigues et bons larrons, avec Notre-Dame des Douleurs, dont nous [avons fait] mémoire le lendemain de la fête de la Croix.
Car au point d’appui des stations, il y a cette rencontre fulgurante de la chair et du bois, de la mère et du fils, du sang et de la pierre, du glaive et de l’âme, pour l’ultime enfantement pascal. Tout recommence et s’élève au clair matin de la pierre tournée. Nos yeux peuvent contempler une telle aube qui se lève sur nos croix de chemin.
Que dire de plus? Le Christ vit et cela suffit.
jacquesgauthier.com
in "Le Messager de Saint-Antoine", septembre 2014, p. 20.
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(...) D’après le récit biblique, Adam est incomplet tant qu’il est complet. Il est d’abord seul et entier, mais Dieu voit bien que cela ne va pas. Il faut que, dans son sommeil, il lui enlève un morceau de lui-même (ce mystérieux « côté », bien plus qu’une côte comme on l’a longtemps dit). À l’arrivée, Adam n’est plus seul : il a Ève avec lui ; mais il n’est plus complet non plus : il lui manque un morceau de lui-même. Pour être entier, il a besoin de l’autre : il ne se suffit plus, il n’est plus une île.
Depuis lors, c’est toute l’humanité qui se sait, qui se sent incomplète. Chacun sait qu’il est incapable de se donner à lui-même son propre bonheur, que le bonheur se reçoit toujours d’un autre, parce que le bonheur est dans la relation, pas dans l’indépendance. Voilà pourquoi depuis toujours, et malgré toutes les souffrances que le sentiment amoureux peut aussi causer, hommes et femmes n’entendent pas y renoncer. Voilà pourquoi même les célibataires ne renoncent pas à l’amitié, voilà pourquoi les religieux vivent en communauté : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul »…
Pourtant, ni l’amitié profonde ni même la vie de couple ne peuvent suffire à guérir cette plaie au côté, ce sentiment de manque, cette blessure qui nous ouvre à l’infini. Car c’est la brèche par laquelle Dieu va venir nous rejoindre, comme il faut des trous pour se saisir d’une boule de bowling. Car c’est de lui, de son côté ouvert sur la croix, que nous pouvons attendre le fleuve inépuisable qui seul saura apaiser notre soif insatiable.
Frère Adrien Candiard, dominicain
couvent du Caire
Signe dans la Bible
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