6 octobre 2014

AU SACRÉ COEUR DE MONTMARTRE



Coupole de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, Paris


Je me sens bien petit sous le plafond de l’abside, décoré d’une superbe mosaïque, la plus grande de France, qui représente le Sacré-Coeur de Jésus ressuscité. Ses bras ouverts m’accueillent tel que je suis. Je ne résiste pas à ce cœur doux et humble.
Les yeux fermés, je vois autrement. Conduit par l’Esprit Saint, je répète intérieurement et sans effort le nom de Jésus. Mes pensées se calment, le silence m’attend. Je suis chez moi dans cette prière d’abandon : chant de mon baptême, attention amoureuse au mystère, oraison de simple présence, échange de deux regards, de deux soifs, de deux cœurs.
Je crois que le Christ est réellement présent dans le Saint Sacrement pour me combler, me purifier, me transfigurer. Je l’ai au corps, il me connaît par cœur. Je l’aime et je me laisse aimer, m’appropriant sa demande à la Samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Son cœur a soif d’être bu, je lui donne ma soif.
Tout est donné devant le Corps exposé à mon regard qui écoute. « Tout est grâce », disait Thérèse de Lisieux. À ce moment-là, je saisis mieux de l’intérieur que Dieu n’est qu’amour. Il n’existe qu’en se donnant, qu’en se répandant, qu’en pardonnant. Le mystère trinitaire m’éblouit à chaque adoration, ici ou ailleurs, par Lui, avec Lui et en Lui.
L’Eucharistie, voilà le trésor de ma foi. Je suis pleinement moi-même en adorant. Je crois en aimant. Mon intelligence, éclairée par l’amour, ne peut que consentir à ce mystère de foi sans l’épuiser totalement. Je brûle les minutes avec ma prière du cœur qui s’élève comme l’encens. J’entraîne avec moi toutes les personnes qui me sont confiées ; mon adoration devient intercession. J’élève le monde à Dieu, l’ouvrant à sa Parole qui épouse le silence. Et si parfois je verse une larme, le Christ sait bien que mon cœur ne bat qu’à l’écho de son cri : « J’ai soif » (Jn 19, 28).
Depuis plus d’un siècle, les fidèles étanchent la soif d’amour de Jésus en assurant jour et nuit le relais ininterrompu de l’adoration perpétuelle. Je pense à tous les priants qui sont passés dans ce sanctuaire de la miséricorde divine, comme le bienheureux Charles de Foucauld et Louis Massignon en avril 1909, et tant d’autres, connus et inconnus. Elle est belle cette adoration silencieuse d’hommes et de femmes qui sont présents à la Présence et qui contribuent secrètement à la transformation du monde. Depuis 1995, les Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre participent avec joie à l’animation spirituelle et matérielle de ce haut-lieu d’intériorité.
Alors, dites-moi, comment ne pas être là, puisqu’il est là, à Montmartre et dans tous les ostensoirs et tabernacles du monde? Il donne la paix à l’âme inquiète et repose le corps fatigué. Il habite également en nous, qui sommes créés à son image. Profond regard de foi qui ouvre la quête de joie sur l'horizon d’un amour infini.
En sortant de la basilique, je descends la butte le cœur léger. La Terre elle-même me semble une immense église où retentit la prière des adorateurs en esprit et en vérité. Alors, comment ne pas le voir, l’Amour, qui a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ?

jacquesgauthier.com
Le blog - message du 29/09/2014

Aucun commentaire: