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L'historique geste de Benoît XVI - l'abdication libre et volontaire,
inédite dans l'histoire moderne du catholicisme, de sa charge de pape - se
révèle, par-delà même son très louable souci d'authenticité comme son non moins
estimable désir d'humilité, d'une extraordinaire et rare grandeur d'âme, quasi
sainte dans sa profondeur spirituelle.
Car quel être humain, parvenu ainsi au faîte d'une gloire aussi universelle, planétaire, renoncerait avec autant d'abnégation et de simplicité tout à la fois, sans y être obligé le moins du monde et sans que personne le lui ait demandé, à un pouvoir aussi considérable - plus puissant encore que celui d'un président ou même d'un roi, puisque tous deux, devant lui, s'inclinent aussi respectueusement que majestueusement -, abandonnant ainsi, par la même occasion, tous les honneurs terrestres ("vanité, tout est vanité", disait, à ce propos, l'Ecclésiaste) au seul profit de son âme céleste, qu'il contemplera désormais, en silence et en prière, dans l'ineffable secret d'un monastère n'accueillant, idéalement, que la pureté du dépouillement et la beauté de la méditation ?
Oui, ce pape désormais émérite, par cet exemple pratiquement unique dans les annales du pouvoir, a fait preuve là, contrairement à tous ceux qui s'accrochent indéfiniment à leur misérable autorité, même lorsqu'elle chancelle sous le poids du mécontentement populaire, d'une grandeur qu'on ne lui soupçonnait pas : à l'incommensurable et quasi divine mesure de son immense et quasi inhumaine humilité !
Preuve en est, s'il en fallait encore une après une décision aussi difficile et courageuse, après une attitude aussi digne et stoïque, exemplaire de force morale tout autant que de piété religieuse, ses derniers et admirables mots, prononcés, après avoir quitté définitivement le palais papal de Rome, du haut du balcon de sa résidence d'été de Castel Gandolfo : "Je suis maintenant un simple pèlerin entamant la fin de son chemin sur terre." Jamais je n'ai entendu, en mon existence de philosophe pourtant rompu aux arcanes de la métaphysique, parole plus élevée, à ce point éminente et transcendantale, lourde d'une signification proprement mystique, qu'il me viendrait presque envie, moi impie parmi les impies, de croire en Dieu.
Oui, c'était là, en cet historique instant de grâce, où le temps du monde semblait alors suspendu aux lèvres d'un homme prêt à quitter les privilèges d'un pape pour se revêtir désormais de la modestie d'un moine, paroles d'évangile, comme calquées sur celles de ce Christ dont ce même Benoît XVI disait, en son ultime tweet, qu'il devait être le centre de toute vie chrétienne !
Daniel Salvatore Schiffer, philosophe athée, essayiste belge et italien de
culture française
"Benoît XVI: "l'à-Dieu du pape", 01/03/2013 (extraits)
Le Point.fr, hebdomadaire, en ligne
1 commentaire:
Commentaire de "Septimus" sur cet article.
La Croix 1.03
"Comment ne pas être frappé par le contraste entre la sobriété qui accompagne le départ de Benoît XVI et le déferlement médiatique sur les complots du Vatican, les rumeurs et les ragots qui volent – bas – sur la Curie et les rouages romains de l’Eglise… Laissons ce pape s’en aller dans la paix, et prions pour son successeur, qui n’aura pas la tâche facile."
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