27 janvier 2013

PROCHE DE CEUX QUI SOUFFRENT





À l'encontre d'une civilisation "des yeux secs" où la transparence, c'est-à-dire la volonté de tout voir, de tout savoir, deviennent des absolus, Anne Lécu, médecin auprès des détenus et écrivain, propose de réabiliter les larmes de chagrin et de joie qui sourdent de notre intimité et le plus souvent nous débordent. Les larmes contiennent une vérité de l'être, à protéger, que nul ne saurait contenir ni empêcher.
Sa réflexion se fonde sur le sens des larmes dans la Bible, la philosophie et même la mythologie, et sur son expérience de soignante. Médecin généraliste à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), elle y reste parce qu'elle a "la ferme conviction que l'Église de Jésus-Christ doit être présente là où des personnes désespèrent". Elle se tient résolument "du côté des fragiles, de ceux qui ne sont pas certains de leur avenir", même si cette précarité revêt des visages différents.
" On peut désormais presque tout savoir de quelqu'un sur les réseaux sociaux: savoir le nom de ses amis, ses goûts, ses activités, son style, ses voyages, à quelle heure il se lève et comment il s'habille. Mais finalement on ne connaît rien et c'est quand on est témoin de ses larmes qu'on le comprend enfin."          Anne Lécu, Des larmes, éditions du Cerf, 2012, p.144 
Florence Chatel, journaliste
in "Le Jour du Seigneur" - Le Bulletin. fév.-mars 2013     

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