Certes, nous restons passibles d'un "jugement", d'une révélation de ce que nous sommes en vérité, mais cette révélation n'est que le préambule d'un pardon, d'une réhabilitation. Ainsi nous vivons sous le régime de la gratuité : tout ce qu'il y a de bon en nous vient de Dieu, l'unique créateur. Nous ne pouvons faire valoir aucun "mérite" de notre part. Cependant "grâce" dit plus qu'une amnistie de type juridique : elle comporte un côté que l'on peut dire affectif. Elle est affection, bienveillance, en un mot amour.
Dieu ne se contente pas de nous innocenter, ce que l'Écriture appelle aussi salut, rédemption. La grâce prend aussi le sens de communication d'une force : elle nous rend "gracieux", ce qui signifie qu'elle nous rend possibles des pensées et des actions dans la ligne de l'amour. En ce sens, la grâce rejoint les fruits de l'Esprit tels que Paul les énumère en Galates 5,22-23. Ainsi la grâce est la trace, l'empreinte en nous de l'Esprit. Elle a donc quelque chose à voir avec les "charismes", mot qui, en grec, est de la famille du mot grâce.
C'est un fait que l'Écriture utilise plusieurs mots et thèmes pour cerner une réalité qui défie notre langage et qui n'est autre que l'Alliance de Dieu avec nous, cette Alliance qui, seule, nous fait exister. Que faire des "grâces", au pluriel ? Disons que ces grâces au coup par coup correspondent à nos prises de conscience de la bienveillance permanente de Dieu à notre égard, de sa puissance d'amour.
Marcel Domergue, jésuite
pour croire.com
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