MARIE ET L'AMOUR CONTEMPLATIF

Au Calvaire, le fait décisif, du point de vue de Marie et de sa Maternité, reste son acceptation de nous tous comme ses enfants, fait bien plus important qu'aucune considération sentimentale.  Les rapports intimes entre Marie et son Fils deviennent le rapprochement de Marie et des commencements de l'Église. La Croix une fois accomplie, Jésus ne peut plus être séparé des siens et Marie ne se comprend plus sinon dans l'Église, dont elle apparaît comme le coeur terrestre et visible.

C''est bien ainsi que les Actes des Apôtres nous la montrent, après l'Ascension, dans la chambre haute (Ac 1, 14). Elle qui s'est tenue à l'écart durant la vie publique de son Fils reparaît à ce moment, comme le coeur de la nouvelle assemblée du peuple de Dieu sur laquelle va descendre l'Esprit.

C'est bien pourquoi toutes les anciennes représentations iconographiques de la Pentecôte nous montrent Marie au milieu des apôtres et comme au foyer de l'irradiation de l'Esprit.  Les Actes nous décrivent le groupe des disciples persévérant dans la prière "avec Marie", d'autres femmes et les proches de Jésus en général. Par là ils nous indiquent qu'à côté du rôle de chef, de tête, réservé à Pierre éminemment et aux autres apôtres avec lui, il y a dans l'Église ce que nous pouvons appeler le rôle du coeur: le rôle de la prière silencieuse, de l'amour contemplatif. C'est ce rôle non moins nécessaire qui appartient avant tout à Marie, et, avec elle, à tant d'âmes humbles et croyantes dont les noms ne nous sont même pas parvenus.

Marie-Joseph Le Guillou, 1920-1990, dominicain, théologien, contemplatif

in Marie, éd. Parole et Silence