18 janvier 2012

L'ÉGLISE CELTIQUE



Croix celte, Rock of Cashel, Munster, Irlande


C'est de la Grande-Bretagne qu'est sorti, on le sait, saint Patrice, l'apôtre de l'Irlande, cette île qui avait échappé à la domination romaine. Son apostolat doit avoir eu lieu de 432 à 461. La christianisation de ce pays dut surmonter la résistance de la classe des druides, détenteurs d'une tradition culturelle non écrite riche de valeurs originales. Développée dans un relatif isolement, l'Église celtique, découverte sur le continent au cours du 6ème siècle, se distingue de tout le reste de l'Occident latin.
Son trait majeur est l'extraordinaire succès remporté par l'idéal monastique. Le monachisme a connu en Irlande comme en Égypte un pullulement d'ermitages et de monastères. Les évêques seront sous l'autorité de l'abbé, le monastère constituant ainsi la cellule fondamentale de l'organisation religieuse. 
Ce milieu original a servi de cadre à une remarquable floraison culturelle: comme dans les Églises extérieures d'Orient, l'implantation du christianisme a suscité en Irlande l'apparition d'une culture lettrée d'abord latine. Sans doute le gaélique possédait déjà des lettres de noblesse et même un alphabet, l'ogham, mais à l'époque chrétienne l'alphabet latin servira à transcrire ses brèves inscriptions. 
Deux coutumes sont caractéristiques de la spiritualité irlandaise: d'une part la pénitence sacramentelle, sorte d' "ouverture de conscience" quotidienne et s'appliquant aussi aux laïcs; d'autre part une des pratiques ascétiques les plus chères aux moines celtiques consistant en l'exil volontaire dans un milieu inconnu et toujours plus ou moins hostile, idéal religieux d'une grand fécondité; missionnaires itinérants d'origine insulaire, ils se feront connaître sur le continent sous le nom de Scotti (the Scots), puisqu'ils avaient d'abord travaillé à la conversion des tribus celtes des Pictes et  Scots, en Écosse et dans le Northumberland, y fondant plusieurs monastères. 

Écriture oghamique  (vieil irlandais et picte), 4ème-10ème s.

Henri-Irénée Marrou 1904-1977, Normalien
Professeur d'histoire ancienne du christianisme à la Sorbonne
in L'Église de l'Antiquité tardive 303-604, éd. Points

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