LE CHRIST, CENTRE DU CULTE MARIAL

Vierge à l'Enfant, 15° s.,
cathédrale de Clermont-Ferrand

Dans la Genèse le péché originel est attribué à un couple et non pas à un individu, pour cette raison précisément que l'homme, c'est l'homme et la femme (...) Et la Rédemption aussi sera un couple: Jésus et Marie. Et cela est extrêmement important, parce que si la présence de Dieu n'est visible que dans un homme, la Révélation est toujours inscrite dans une personne humaine, or la pensée de Dieu concernant la femme ne peut normalement s'exprimer que dans une femme. Sans doute, Notre Seigneur est le Sauveur de la femme, comme Il est le Sauveur de l'homme. Néanmoins, puisqu'Il est un homme dans sa vie historique, il ne peut exprimer intégralement le mystère particulier ni la vocation de la femme. C'est pourquoi, pour que l'homme soit révélé tout entier, dans son double aspect masculin et féminin, il est nécessaire que l'Incarnation, comme la Rédemption, ait aussi un aspect féminin, et qu'à côté du second Adam, nous ayons la seconde Ève. Sans elle le plan rédempteur de Dieu serait mutilé. 

Ce couple doit conduire toute l'espèce et donner un sens à toute l'Histoire; il ne peut donc pas être lié par un lien charnel, il ne peut être lié que par un lien de grâce; ce couple sera lié par la filiation et la maternité. La filiation sera d'abord du côté de Marie, car la primauté appartient éternellement à Jésus. Et c'est pourquoi Marie sera d'abord la fille de son Fils dans l'ordre de la grâce, avant de devenir sa mère selon la chair. Elle a précisément été enfantée à la grâce par le rejaillissement anticipé de la grâce du Christ sur elle. C'est précisément ce qui sera mis en valeur dans toutes les définitions dogmatiques au sujet de la très sainte Vierge.

Le centre du culte marial, c'est le Christ.

Maurice Zundel, 1897-1975

prêtre suisse, théologien, conférencier,

in " Silence - Parole de Vie ", éd. Anne Sigier, Québec