31 juillet 2020

UNE PAROLE QUI FAIT VIVRE




L‘âme et non la réflexion nous fait aimer la vérité.

C’est le défaut de réflexion qui est cause que les études, quelque saintes qu’elles puissent être, nuisent bien souvent plus qu’elles ne profitent ; quand il n’y a que l’esprit qui s’occupe de la vérité, il s’en lasse bientôt. Il veut incontinent changer d’objet, et les nouveaux effacent facilement les premiers. Mais quand l’impression que la vérité a faite dans le cœur y applique l’âme, elle s’y attache sans peine ; cette impression ne lui permet pas de s’en séparer, elle la repasse cent et cent fois sans ennui et sans dégoût, parce qu’elle sent toujours de la joie et du plaisir à penser à ce qu’elle aime.
Lors donc que vous lisez les paroles de vie, considérez-les attentivement ; elles ne donnent la vie que lorsqu’on s’y arrête par une sérieuse réflexion : Jésus Christ est lui-même cette parole, il mérite bien que l’on s’y arrête avec soin. Pourquoi tant se hâter ? Ce n’est pas dans la multitude des vérités, mais dans l’amour et le goût de la vérité toute simple que consistent notre salut et notre sainteté. Une seule parole de vie est capable de nous donner la vie si nous la digérons bien, si nous la laissons passer de l’esprit dans le cœur, d’où elle se puisse répandre ensuite dans toutes les puissances de notre âme et dans toutes les parties de notre corps, pour en sanctifier toutes les actions.

Jean Mabillon († 1707), dominicain , MAGNIFICAT méditation 12/07/2020

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Le génie de l‘enfance

Il est écrit dans l’Évangile que beaucoup de mystères sont cachés aux sages et aux savants, qui seront révélés aux petits enfants. Le génie de l’enfance est tout intuition. Il n’a ni science ni prétention pour le déformer. Par sa simplicité, la fraîcheur de ses impressions, l’enfant a les clés du royaume de la poésie. Car la poésie, c’est d’entrer naïvement dans le jeu du monde, de découvrir les merveilles cachées à ceux qui croient tout savoir et tout expliquer. Le mystère dont parlait notre Seigneur n’est pas le mystère poétique, mais le grand, le seul vrai mystère, celui de la sagesse de Dieu. Il se révèle aux enfants à cause de certaines dispositions qui leur sont propres et qui les ouvrent aux plus hautes vérités.
Les enfants jouissent un instant de ce qui passe, mais sans attachement, sans exigence. Et puis, les petits sont humbles. Un vrai enfant respecte ce qui est au-dessus de lui. Quand on ne le déforme pas par une tendresse excessive, il est indépendant, forme son petit monde à lui tout seul et ne prétend pas s’imposer. Enfin les petits sont confiants et abandonnés, à cause justement de leur faiblesse. Un enfant vous donne la main, lève vers vous son regard limpide, vous accompagne dans votre propre chemin sans demander où il aboutit.

Madeleine Daniélou (+1956), universitaire, éducatrice et mystique, fondatrice
MAGNIFICAT, méditation quotidienne

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