23 septembre 2014

LE MAGNIFICAT DE MARIE







 Gardons-nous de croire que c'est avec Elle que nous travaillons, si nous nous bornons à lui élever des autels ou à faire chanter des cantiques en son honneur. Ce qu'Elle veut de nous, c'est une dévotion qui permette d'affirmer avec sincérité que nous vivons habituellement unis à Elle, que nous recourons à son conseil, que nos affections passent par son Cœur et que nos demandes se font souvent par Elle.
Mais ce que Marie attend surtout de notre dévotion, c'est l'imitation de toutes les vertus que nous admirons en Elle et l'abandon sans réserves entre ses mains pour qu'Elle nous revête de son divin Fils.
À cette condition du Recours habituel à Marie, nous imiterons ce général d'armée du Peuple de Dieu, qui, avant de marcher à l'ennemi, disait : « Si vous venez avec moi, j'irai ; sinon, je n'irai pas », et nous ferons vraiment toutes nos œuvres avec Elle. Non seulement Elle sera mêlée aux décisions principales, mais encore à tous les imprévus et même aux détails d'exécution.

Dom J.B. Chautard
Extrait de L'âme de tout apostolat, éditions P. Téqui
mariedenazareth.com

*****

(...) Par son « oui », elle conclut une alliance, comme le peuple au Sinaï. À ces offres divines, Marie répond par les deux qualités que prône la spiritualité juive, la recherche de Dieu (qui se déduit de sa disponibilité à l’Esprit), et l’écoute, comme tout Israël est invité à écouter Dieu. Ainsi apparaît-il que Marie est bien la figure du croyant accompli, bien entendu homme ou femme. Luc offre donc en modèle à son lecteur cette jeune femme désirante et disponible pour que celui-ci ose s’exposer de tout son être et découvre que Dieu le visite, le choisit et fait alliance avec lui, tandis que lui, il le cherche et l’écoute.

L’autre grand apport de Marie est le Magnificat, trop rarement revendiqué comme l’un de ses titres de gloire alors qu’il est son point d’orgue. Marie y laisse éclater un chant de louange qui entraîne tout son être dans la joie. Par avance, elle dit la préférence de Jésus pour les petits, les humbles, les exclus. Elle en vit comme un témoin, et elle l’annonce comme une prophétesse. Si j’osais faire résonner ensemble des concepts éloignés dans le temps, je dirais que le Magnificat est le discours de politique générale de la Mère de Dieu. Au nom de son fils, par anticipation, comme si elle était en place de régente, elle dévoile son « programme ». Beau discours, qui fédère toutes les Écritures en une gerbe abondante. Belle et grandiose leçon où Marie s’épanouit et s’accomplit pleinement dans la « suite » de Jésus, même si, dans le temps, elle le précède... 

Anne Soupa
bibliste, auteur de Douze femmes dans la vie de Jésus, Savator. 

Aucun commentaire: