29 novembre 2017

ÉCLATS D'ÉVANGILE


" The Presence ", St Mary's chuch, Edinburgh UK

La Parole de Jésus dans Jn 3, 1-21, imbrique l'amour, le jugement, la vérité et la lumière. Sa Parole les mêle si serrés qu'on ne voit plus qu'une seule corde dont la solidité ne repose pas sur chacun de ses brins, mais sur leur fusion. La corde que Jésus lance est faite d'un seul mot, et ce doit être le nom imprononçable de Dieu. Celui qui contient, indissociables, amour-jugement- vérité-lumière. Et je me demande quel mot humain peut répondre à cette corde lancée. Je suis tentée de choisir le mot " lucidité ". Car il réunit déjà trois de ces mots: le jugement, la vérité et la lumière, qu'on entend dans son étymologie latine lux. 
La lucidité est un travail de conscience qui tend à mettre en lumière ce qui, en nous, peine à se faire jour. Et Jésus révèle cette difficulté humaine bien avant que Freud observe, dans son approche analytique, que notre psychisme exerce son pouvoir d'oubli et d'enfouissement sur ce qui a été " d'une manière ou d'une autre pénible, soit effrayant, soit douloureux, soit humiliant pour les prétentions de notre personnalité " (S. Freud). Voilà pourquoi nous préférons les ténèbres à la lumière. Et maintenant, dans l'obscurité de nos peurs, nos manquements, nos blessures, les rafistolages de nos illusions, nous espérons éviter la lame tranchante de la vérité et du jugement. Et pourtant,  comment trouver, sans cette lucidité qui rassemble vérité, jugement et lumière, le quatrième élément qui est l'amour ? L'amour de soi, l'amour des autres ?
Comment aimer sans se connaître, et reconnaître dans les ombres de l'autre nos propres obscurités, dans ses manquements nos propres faillites, dans ses jugements nos propres intransigeances ?
" Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui " (Jn 3, 17).  le Fils est " cette Lumière véritable qui, en venant au monde, éclaire tout homme "  (Jn 1, 9). Le jugement auquel renonce Dieu est celui de la condamnation. Ce qu'il rete du jugement, dans l'Évangile, est une mise en lumière. Et ce à quoi Jésus nous invite, c'est d'accepter sans crainte cette mise en lumière, car elle est indiscociable de l'amour de Dieu. (...) Cest une lumière qui n'apporte pas la condamnation, mais la liberté et l'amour.
Puissions-nous aussi nous laisser mettre à jour par la Lumière de l'Évangile.

Marion Muller-Colard, théologienne protestante

méditation sur Jean 3, 1-21 
in " Éclats d'Évangile ", Bayard
croirelib' 

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