13 novembre 2014

LE MONDE EN QUÊTE DE SENS





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Selon moi, deux grands défis demeurent. Vivre l’expérience de la foi en se souciant des articulations qui existent entre l’humain et le spirituel. Rendre compte de l’espérance chrétienne dans une culture où la foi est devenue inintelligible pour plusieurs. Comment ? En reliant notre foi aux questions que les gens se posent. En témoignant du Christ qui nous fait vivre à partir de ce que nous sommes. Le Synode sur la famille qui se tient à Rome jusqu'au 19 octobre 2014, et qui se prolongera en octobre 2015, illustre bien ces deux défis à relever.
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La religion peut devenir une arme de destruction massive lorsqu’on l’instrumentalise à des fins politiques. Mais elle peut aussi aider à bâtir la paix, comme l’ont fait Gandhi et Martin Luther King. Plusieurs Prix Nobel de la paix sont d’ailleurs des croyants. Le problème des religions vient surtout de l’interprétation fondamentaliste que l’on fait des textes sacrés. Quand chacun veut avoir raison, comment le dialogue est-il possible? Cela vaut aussi pour les athées, bien sûr.
La nature ayant horreur du vide, on remplace certains signes religieux au Québec par d’autres qui relèvent de sagesses orientales, de l’ésotérisme, si ce n’est du paranormal : karma, énergie cosmique, aura, écriture automatique, médiums, parler avec les morts autour d’une table…
Plusieurs cherchent une spiritualité sans Dieu. Il est vrai que les mots « Dieu » et « religion » sont piégés, surtout depuis le 11 septembre 2001. Ainsi, on parle de méditation, non de prière, de spiritualité, non de religion, de science, non de foi, de philosophie, non de Dieu, de sagesse, non de sainteté. Cela révèle tout de même la quête de sens et la soif spirituelle d’un bon nombre de nos contemporains.
La religion ne devrait être que de l’amour, sinon c’est une caricature, on l’instrumentalise à une autre fin. Il faut lutter contre cette perversion idéologique qui détourne la religion de son sens profond, celle de relier les êtres dans la prière, le pardon, la paix, le partage.
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L’Église, au Québec et dans le monde, est à la croisée des chemins. Il lui faut une nouvelle évangélisation pour renouer avec ses racines profondes. Aux prises avec plusieurs scandales, elle doit revenir à l’Évangile des béatitudes, c’est-à-dire être moins mondaine et plus près des pauvres, moins endormie et plus énergique dans sa foi. Il faut qu’elle sorte de ses structures pour aller vers les autres qui sont en périphérie, laisser la bureaucratie pour l’évangélisation; une Église qui soit moins cléricale et plus priante, pleine d’espérance et d’humilité, tous des thèmes chers au pape François.

Jacques Gauthier
extraits de "Un regard de foi  (2), le catholicisme québéquois"
in Pastorale Québec, octobre 2014

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[Ta Parole] peut être douce, plus que le miel, ou amère, car elle nous ouvre les yeux sur le monde et nous voyons ce que sans elle nous ne savions pas : le cœur de l'homme saigne, le cœur de l'homme peut être dur, torve, et sa bonté peut être sans fin, mais aussi humiliée.
Alors, nous commençons à apprendre à parler. À quitter le bavardage. À dire et faire la vérité, hors les modes, loin des idéologies. Alors, nous supportons la vérité, une vérité parfois plurielle, qui n'est pas mensonge pour autant. Alors nous supportons la complexité du monde, et la nôtre, qui n'a rien à craindre de ta grande simplicité. 
Toi, tu n'as qu'une parole. Et tu nous l'as donnée.
Ce Fils-parole, émerveillé de nous, oui, avant de mourir t'a assuré que nous garderions ta parole comme les disciples si peu croyants l'avaient gardée. Il a cru en nous et toujours y croit, lui notre avocat. Il est notre garant. Plus encore, en notre voix il est le Verbe. En lui, oui, nous pouvons parler. 

Soeur Anne Lécu, dominicaine
Extrait de méditation
Signe dans la Bible


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